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pour que chacun atteigne le sommet de la montagne. |
l'huître de Penerf |
Un peu d'histoire
L'histoire des huîtres
débute avec la nôtre. Leurs traces abondantes dans les
couches géologiques les plus anciennes laissent supposer que
nos ancêtres tailleurs de pierres savaient apprécier ce
mollusque.Le long de la côte atlantique, l'huître formait
autrefois un immense banc, du Danemark au Portugal, qui permettait
des pêches considérables.
Les anciens Chinois, eux, ont semble-t-il pratiqué
très tôt l'élevage: ils utilisaient des tiges de
bambou pour fixer le naissain.
Les Grecs rivalisaient d'ingéniosité pour ses
préparations et son utilisation. Mets de choix, l'huître
était frite dans l'huile, rôtie ou cuite avec miel,
persil et menthe. Bulletin de vote, sa coquille( ostrakon) servait
à exprimer le bannissement du personnage à
évincer de la scène politique (origine du terme
ostracisme). Aphrodisiaque, elle était absorbée
après avoir été pilée et réduite
en poudre.
Les Romains qui l'adoraient littéralement, la
dégustaient crue et frappée de glace ou cuite
assaisonnée de "garum" (espèce de saumur). Ils
connaissaient également la technique du captage: 200 ans avant
J.C., un certain Sergius Orata, grand amateur d'huîtres, les
cultivait dans le lac de Lucrin, près de Naples. Pour des
raisons restées obscures, cette pratique devait rapidement
tomber en désuétude. sommaire
Sous Louix XIII, Richelieu fait interdire, par acte royal, la cueillette des huîtres pour protéger l'espèce pendant la période de reproduction et surtout en éviter la consommation.
En effet, chaque année
à la même époque, la consommation d'huîtres
provoquait des intoxications mortelles souvent liées aux
conditions de transport de l'époque, et à la
conservation du coquillage pendant la saison chaude. Alors la
période fut déterminée en fonction de
critères climatologiques : mai, juin, juillet,
août .
Et l'on doit donc à
Richelieu ces fameux mois sans "R" pendant lesquels la
dégustation des coquillages sauvages est
délaissée voire redoutée.
Le plus
désespéré: Vatel, cuisinier de Louis XIV,
qui se suicida à cause d'une bourriche qui n'arriva pas
à temps pour le dîner du roi.
Le plus acharné: Saint Evremont qui, à
quatre-vingt-huit ans, mangeait des huîtres tous les jours.
Le plus matinal: Casanova qui les gobait à jeun tous
les matins.
Le plus gourmand: Mirabeau qui dévora 300 huîtres
en un seul repas.
Le plus romantique: Alexandre Dumas qui l'appela si joliment
"l'oreille de Vénus" et lui dédia un poème.
La plus littéraire: Geneviève Dormann qui
confiait "l'huître est une caresse veloutée dans un gant
de pierre, cette susceptibilité aiguë qui fait froncer
l'animal au moindre "gratouilli", cette opposition têtue
à l'ouverture, cette fidélité nostalgique qui
les fait briller, loin des côtes, à l'heure de la
marée, impudence qui permet à l'ennemi d'en
profiter".
Pendant des siècles, la consommation d'huître sera basée sur l'exploitation des bancs naturels. A partir du 16ème siècle, le commerce se développe, Paris est régulièrement approvisionné, et de Henri IV à Napoléon 1er, les tables royales lui réservent une place de choix. Mais dès le 18ème siècle, la drague, pratiquée à outrance, amène une raréfaction des bancs. Réglementation, ordonnances, contrôles n'empêcheront pas l'épuisement et même la disparition de certains gisements. Au début du 19ème siècle, la situation est catastrophique, et les pêcheurs à pied réduits à la misère.
Pour sauver les bancs naturels du désastre, il devient indispensable de mettre au point des techniques d'élevage, de passer de la simple cueillette à la culture.